Le « Ségur de la santé » : une escroquerie politique ! Communiqué du MCI

Ce 25 mai, le Premier ministre a prononcé le discours de lancement du « Ségur de la santé » devant 300 personnes « réunies » par vidéoconférence. Pendant 25 longues minutes parsemées de ronds de jambes, d’effets de manches et de larmes de crocodile, il nous a expliqué toute honte bue et comme une ultime provocation que la politique menée depuis des décennies en matière de santé publique sera poursuivie et même accélérée.

Voilà la réponse du Premier ministre à celles et ceux qui ont fait grève pendant un an avant de s’engager sans compter contre l’épidémie de Covid-19 !

Ainsi, selon É. Philippe : « La crise exige de nous non pas nécessairement de changer de cap mais très certainement de changer de rythme » et après avoir rappelé les objectifs du texte « Ma santé 2022 » et du « plan hôpital » d’insister : « Je continue à penser que c’était le bon cap. On verra d’ailleurs si les concertations le remettent en cause ».

En conséquences, le terrain de cette « concertation » a été préparé par une offensive rassemblant tous les poncifs de la propagande pro-capitaliste. La « gouvernance », le « management », la « réorganisation », la « flexibilité » et « l’agilité », bref toutes les recettes qui prétendent régler les problèmes sans moyens supplémentaires pour continuer même à en supprimer.

Le Premier ministre veut profiter de la déstabilisation provoquée par la pandémie pour imposer ses « solutions » : il estime que le système de santé du pays, à commencer par l’hôpital public, est mûr pour accepter la grande contre-réforme qui se prépare dans les coulisses du pouvoir depuis des décennies de sabotage opiniâtre du système de santé, au profit des capitalistes.

La scandaleuse note de la Caisse des dépôts et consignation rendue publique par Médiapart («Premières propositions post-covid dans le domaine de la santé» 26/03/2020), rédigée à la demande d’É. Macron – il faut le souligner – confirme amplement toutes les craintes. D’ailleurs le Ministre de la santé n’a-t-il pas affirmé que les plans de restructuration hospitalière restent suspendus « le temps » du Ségur de la santé ? Pour reprendre de plus belle ensuite n’en doutons pas !

L’objectif du gouvernement est toujours de terminer ce qui a été commencé par de Gaulle en 1967 avec les ordonnances séparant la sécurité sociale en trois branches : la liquidation de la sécurité sociale et de l’hôpital public. Voilà, en substance, ce qu’a annoncé É. Philippe.

C’est pour cela qu’il a mis en œuvre sciemment une politique purement criminelle depuis le début de la crise sanitaire. C’est pour cela que nous, MCI, nous réaffirmons : non le gouvernent n’a pas fait « d’erreurs » comme on l’entend dire souvent ; non il n’a pas fait montre « d’incompétence » ; non il n’a pas révélé « l’incapacité de l’État » à faire face à la crise sanitaire.

Dire cela, c’est prêter au gouvernement des intentions qu’il n’avait pas : faire face efficacement à l’épidémie en mettant en œuvre tout ce qui devrait être fait ? Dire cela, c’est se fourvoyer, car le gouvernement a choisi sciemment d’agir comme il l’a fait, sur ce sujet comme sur tous les autres !

De Macron au moindre sous-préfet en passant par le Premier ministre et par l’ensemble de son gouvernement, tout l’appareil d’État a été mobilisé pour organiser son propre fiasco afin de « justifier » la liquidation de la sécurité sociale et de l’hôpital public et mettre en avant le secteur privé comme une solution présentée comme « allant de soi ».

Rien de ce qui a été fait ces 40 dernières années n’est remis en cause, on risque même, subrepticement de passer d’une tarification à l’acte à une autre au forfait (ce que les États-uniens appellent « bundle ») et le projet de création d’une cinquième branche de la sécurité sociale pour prendre en compte la perte d’autonomie revient au premier plan des attaques.

Là aussi, le gouvernement prend appui sur le scandale qu’il a lui-même organisé dans les EHPAD (et autres résidences « autonomie » ou « services ») pour revenir à la charge avec le projet déjà engagé par Sarkozy et Hollande en relation avec l’assurantiel.

Mais pire encore, si c’est possible : le Premier ministre cherche à prendre appui sur les revendications salariales à l’hôpital public pour mieux faire admettre ses choix en termes de « gouvernance » et de « management ».

Outre qu’il cherche à faire diversion sur le « big bang » de la santé publique qui escompte, en focalisant l’attention des personnels sur les salaires et les carrières. Il pense qu’il peut diviser les personnels et opposer la médecine hospitalière à la médecine de ville, qui plus est en mettant sur la table des sommes dérisoires par un tour de passe-passe, un bonneteau budgétaire qui va lui attirer les bonnes grâces de LR : beaucoup moins de personnel, mais un peu mieux rémunéré pour ceux qui restent et des économies en plus !

L’objectif de cette escroquerie politique qui a pour nom le « Ségur de la santé » est de faire avaliser sa politique par les professionnels de santé et, surtout, les directions des organisations syndicales de travailleurs, etc., tout cela sous l’égide de N. Notat, de sinistre mémoire, ancienne secrétaire générale de la CFDT, centrale syndicale chrétienne vouée à l’association capital-travail, à la collaboration de classes.

Cette « concertation » doit se terminer à la mi-juillet, en même temps que l’état d’urgence sanitaire dont une des mesures est d’interdire les rassemblements et manifestations. Car, voyez-vous, on peut s’entasser au boulot, dans les transports en commun, dans les supermarchés, au « Puy du fou » avec la bénédiction de Macron, mais il n’est pas question, pour le gouvernement Macron-Philippe, que des centaines de milliers, des millions, descendent dans la rue pour contester sa politique et lui demander des comptes.

Les organisations syndicales de travailleurs n’ont pas leur place dans cette mascarade qui piétine un peu plus leur indépendance par rapport à l’État. Elles doivent en sortir !

N’est-il pas temps d’appeler dans l’unité à la mobilisation de tous les travailleurs et de tous les jeunes pour en finir avec cette politique ?

Mille fois oui !

Dans le domaine de la santé, la solution passe par :

  • La nationalisation sans indemnités des cliniques et autres soi-disant « hôpitaux privés »,
  • La nationalisation sans indemnités de l’ensemble des EHPAD, résidences autonomie et résidences services pour faire de l’accueil des personnes âgées un service public,
  • La nationalisation sans indemnités de l’industrie pharmaceutique et des entreprises produisant des biens en rapport avec la santé,
  • La réouverture par l’État, sous contrôle ouvrier, de celles de ces entreprises qui ont été fermées ou son menacées de l’être (Plaintel, Luxfer, etc.),
  • La formation et l’embauche en nombre suffisant de personnels technique, administratifs, soignants, de l’agent de service au médecin,
  • Une rémunération digne pour le travail essentiel et risqué qu’effectuent tous les jours ces personnels,
  • Le retour à une pleine autonomie de la sécurité sociale, dirigée par les seuls travailleurs,avec les moyens humains et financiers qui permettent d’en finir avec les mutuelles et assurances « santé »,
  • Lannulation de la dette de l’État, de la sécurité sociale et des établissements hospitaliers.

Bien entendu, tout cela ne peut se réaliser effectivement que sous le contrôle des travailleurs et sur la base de leur mobilisation unie et déterminée.

C’est pour cette raison également que les directions des organisations syndicales doivent rompre avec le « dialogue social » c’est-à-dire la collaboration de classes et appeler maintenant à la mobilisation.

Pour en finir avec cette politique, ce gouvernement, ce régime.

Ceci dit, la dernière période a montré que les travailleurs n’attendront pas qu’on les « autorise » à se mobiliser : de grandes batailles s’annoncent !

Le MCI, Paris, le 1er juin 2020