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18 Juillet, Beaumont- sur- Oise (95) : «Oui la police tue en France»

retour sur la conférence de presse du comité Justice pour Adama et des familles de victimes

Correspondant du MCI

Ce samedi 18 juillet s’est déroulée à Beaumont-sur-Oise et pour la quatrième année consécutive la « marche pour Adama ». Près de dix mille personnes étaient présentes.

Rappelons que comme pour George Floyd, c’est la technique policière du plaquage ventral qui a entraîné l’asphyxie d’Adama Traoré, jeune homme de 24 ans en pleine santé. Les gendarmes affirmeront même devant les enquêteurs qu’ Adama « a pris le poids de nos corps à tous les trois ».

L’histoire de la mort d’Adama est devenue depuis un symbole pour de nombreuses victimes des violences et de l’impunité policières, mais aussi du racisme institutionnel.

L’événement, organisé par le comité « la vérité pour Adama », était précédé d’une conférence de presse au cours de laquelle Assa Traoré, la sœur aînée du défunt a pris la parole pour dénoncer l’impunité des gendarmes mis en cause, demander que leurs actes soient requalifiés en homicide volontaire, qu’ils soient jugés dans un procès public et que la juge en charge de l’affaire en soit dessaisie. Un rassemblement devant le tribunal de Paris est prévu en septembre si la justice ne prend pas en compte ces réclamations avertit Assa.

À un journaliste qui lui demande s’il y a lieu de comparer les polices françaises et américaines elle répond que « oui la police tue en France » et que ce pays ne doit pas détourner le regard outre-Atlantique pour mieux oublier ce qu’il se passe sur son territoire.

Les forces de l’ordre doivent être jugées comme n’importe quel autre citoyen lorsque ses représentants commettent des crimes, insiste -t-elle, tout en faisant remarquer que les personnes racisées et vivant dans les quartiers les plus pauvres sont le plus souvent victimes, elle reprend à son compte la dénonciation d’un racisme systémique dont les violences policières ne sont qu’un aspect.

Également présents aux côtés d’Assa, la mère et la sœur jumelle d’Adama ainsi que des familles de victimes ont tenu à remercier toutes les personnes présentes lors des rassemblements pour leur soutien.

Un communiqué a ensuite été lu par Ramata Dieng, sœur de Lamine Dieng, mort le 17 juin 2007 après avoir subi une clef d’étranglement et un placage ventral lors de son interpellation. Celle-ci condamne fermement la surdité des autorités institutionnelles et politiques devant les violences policières et exigent des mesures fortes afin de protéger les citoyens : suppression des armes non léthales à commencer par le LBD (lanceur de balles de défense) et le pistolet à impulsion électrique mais aussi la nécessaire restriction de l’usage disproportionné des grenades ou encore l’interdiction des techniques d’étranglement.

Les organisateurs du rassemblement ont ensuite donné la parole aux autres familles de victimes : le père et l’oncle de Sabri Chouhbi, un jeune homme de 18 ans mort à Argenteuil après avoir croisé la brigade anti-criminalité (BAC) alors qu’il était au volant de son scooter et dont les circonstances de la mort restent floues et nécessitent un éclaircissement que la famille attend toujours.

Solidaires et soudés malgré le deuil et les pressions, déterminés à obtenir justice les proches des victimes se sont succédés à la tribune pour témoigner. Parmi elles, Mahamadou le frère de Camara Gaye, tué par balles par la police (mort le 17 janvier 2017) ou encore Fatima et Sofia la mère et la fille de Cédric Chouviat, tué par un placage au sol ( les médecins ont constaté chez cet homme une asphyxie avec « fracture du larynx » ) lors d’un simple contrôle routier le 5 janvier 2020.

« On ne lâchera pas ! » s’écrie Awa Gueye, poing levé, en conclusion de son récit sur la mort de son frère Babacar. Le 3 décembre 2015 alors qu’il est pris d’une crise d’angoisse Babacar se mutile avec un couteau. Son ami prévient les pompiers mais ce sont les forces de l’ordre (4 agents de la BAC et 4 agents de police) qui interviennent dans l’immeuble : ce ne sont pas moins de 5 balles qui seront tirées sur lui avant que les agents ne le menottent tandis que celui-ci agonisait…

Combien de temps allons -nous supporter les violences et l’impunité policières ? Rappelons également les propos racistes et sexistes tenus par des policiers sur des groupes what’up, révélés par Street Press et Arte radio… Combien de temps allons- nous accepter cette impunité ?

Alors que le gouvernement multiplie les génuflexions pour défendre les forces de l’ordre, rappelons que celle-ci récuse catégoriquement les accusations de violence et de racisme, refuse l’arrêt des techniques d’étranglement et des armes non léthales et accuse ce gouvernement d’être trop mou…

Police et justice de classe sont le dernier rempart de l’ordre capitaliste, raciste par nature, et du gouvernement ultra-réactionnaire de Macron.

Tout notre soutien à la lutte et l’organisation autonome des familles et des victimes des violences racistes et policières !

Justice pour tous !


Document : la reconstitution vidéo du Monde

Le 19 juillet 2016, dans la cour de la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise), à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, Adama Traoré gît, inanimé. Il est 19 h 05 quand le médecin du SAMU appelé sur place déclare son décès.