Plus que jamais : En finir avec l’UE capitaliste et ses traités !
Déclaration du MCI, le 6 janvier
Depuis le 1er janvier, la France assure la présidence tournante de l’Union Européenne, et ce pour la 13e fois de son histoire. C’est l’occasion de revenir sur ce qu’est l’UE fondamentalement. Dans un contexte d’approfondissement historique de la crise du mode du production capitaliste, ce rappel est plus que nécessaire pour comprendre la situation sociale et politique sur le continent et pour aider à tracer des perspectives et une issue politique pour les travailleurs et les jeunes.
Une « Europe » au service de capitalistes
L’Union européenne telle qu’elle existe actuellement, est l’héritière directe d’un projet politique défendu par les principaux impérialismes du continent, en lien avec les États-Unis. Dans le contexte de l’après Seconde Guerre mondiale, les bourgeoisies européennes, dans lesquelles le courant démocrate-chrétien joue un rôle déterminant, veulent reconstruire l’économie du continent sur des bases capitalistes et contenir la poussée révolutionnaire des masses.
Après plusieurs tentatives institutionnelles, la Communauté Économique Européenne est créée en 1957 par la France, l’Italie, l’Allemagne de l’ouest, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. En pleine période de « coexistence pacifique » entre l’impérialisme et la bureaucratie de Moscou, il s’agit de mettre sur pied un « marché unique » dans lequel la « concurrence est libre et non faussée ».
Après la chute du mur de Berlin, la CEE est transformée en UE et s’élargit à plusieurs reprises, elle compte 28 États jusqu’à la sortie du Royaume-Uni, en 2021. Mais surtout à partir des années 1980, et la tendance s’accélère dans les années 1990, l’Europe capitaliste, c’est-à-dire les bourgeoisies qui la composent, met en place une série de mesures anti-ouvrières et anti-démocratiques.
Sur le plan économique, c’est notamment le démantèlement de pans entiers de l’appareil productif avec la suppression de millions d’emplois à travers le continent ; c’est la mise en place d’une monnaie unique pour accélérer le dumping social, la casse des conquêtes sociales et la baisse des salaires.
C’est également la privatisation de secteurs entiers de l’économie, santé, éducations, transports, électricité, gaz, postes et télécommunications.… C’est surtout les coupes drastiques dans les budgets publiques, la suppressions de millions de postes de fonctionnaires, au nom de la « discipline budgétaire » et de la « rigueur ».
L’UE est notoirement anti-démocratique
Qui y gagne ? Les grands capitalistes, les grands groupes, les grands actionnaires : les mesures qui découlent des directives européennes accélèrent la concentration du capital et sa financiarisation et s’accompagne d’une gigantesque évasion fiscale. Cela, notamment grâce à une système de lobbying tout a fait légal… au regard du droit européen et des traités.
Dans le contexte de la crise sanitaire, la politique de l’UE a montré son réel visage : les lits d’hôpitaux et les postes de soignants dans les établissements publics ont continué à être supprimés par dizaines de milliers au nom de la réduction des coûts.
Dans le même temps, tout a été fait pour favoriser les intérêts des grands groupes pharmaceutiques, qui sont tous privés. Alors précisément qu’il faut exiger la levée des brevets et la nationalisation des laboratoires pharmaceutiques, sous contrôle des travailleurs.
Il faut ajouter que l’UE est également notoirement anti-démocratique : elle fait la chasse aux migrants, en les laissant mourir à ses frontières ou en les chassant par dizaines de milliers, pour ceux qui sont arrivés à y rentrer. Elle est contre le droit des peuples à l’autodétermination : lors de la mobilisation révolutionnaire des masses catalanes, elle s’était rangée sans aucun état d’âme du côté de la monarchie espagnole, rétablie sur le trône par Franco.
Elle soutient aussi unanimement, les dernières entreprises coloniales de la France, du Royaume-Uni, des Pays-Bas etc. Tout cela se fait avec la plus grande connivence des forces cléricales du continent, il faut le rappeler.
En résumé, l’UE est une alliance des bourgeoisies européennes dont l’objectif est de liquider l’ensemble des droits des travailleurs et des peuples pour garantir les intérêts des capitalistes. C’est une alliance réactionnaire sur toute la ligne, une sorte de Sainte-Alliance du XXIe siècle. Pour les travailleurs il n’y a rien à en attendre, et sûrement pas une illusoire réforme. Il faut la combattre
Mais l’UE est en crise
Sous l’effet combiné et imbriqué de la crise systémique du capitalisme et de la mobilisation des masses, qui la rejettent largement, l’UE est dans une crise extrêmement profonde, où les affrontements inter-impérialistes sont de plus en plus durs et fréquents. Cette crise s’exprime notamment sur le terrain politique et social.
A chaque fois, ou presque, qu’un peuple a été consulté pour se prononcer sur l’UE, il en a rejeté les principes. C’est ce qui s’est passé notamment en Irlande, au Danemark, aux Pays-Bas, en Italie, en France et au Royaume-Uni. Dans ce pays, les travailleurs, pour beaucoup d’anciens électeurs travaillistes, se sont prononcés pour la rupture avec l’UE. Ils ont eu raison.
Mais les consultations électorales se situent sur le terrain institutionnel, c’est-à-dire celui des institutions bourgeoisies. En aucun cas, elle ne peuvent remplacer la mobilisation révolutionnaire des masses. Et pourtant au cours des dernières années, les masses se sont largement mobilisées, en dépit des obstacles qu’elles avaient devant elles : la répression, la situation sanitaire, les politiques de division mises en place par les directions syndicales et politiques.
Au cours des derniers mois, en Italie, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Bulgarie, en Pologne…. Des travailleurs, des travailleuses, des jeunes se sont mobilisés pour remettre en question les politiques anti-ouvrières et anti-démocratiques de l’UE. Même si dans certains cas, ces mobilisations peuvent apparaître comme confuse, elles indiquent la détermination à en finir avec le projet capitaliste de l’UE. Ce qui manque c’est une organisation révolutionnaire pour les travailleurs.
Rompre avec l’UE et ses traités…
C’est donc dans ce contexte social et politique explosif, de crise structurelle du capitalisme, qu’E. Macron assure la présidence de l’UE. Il aura le plus grand mal à dépasser les tensions entre les différentes bourgeoisies européennes, mais il va s’évertuer à accélérer le caractère pro-impérialiste et anti-ouvrier et anti-démocratique de l’UE.
Il faut encore et toujours continuer à expliquer ce qu’est l’UE, quels sont ses objectifs réels, quels sont les objectifs particuliers de la bourgeoisie française dans ce contexte. Et cela pour ouvrir une perspective politique pour les travailleurs et les jeunes, en alternative à l’UE. Cela passe par la mobilisation permanente sur le terrain de la lutte des classes.
…. et mobiliser pour la perspective ds États-Unis socialistes d’Europe
C’est précisément ce terrain que les organisations dites ouvrières ont déserté volontairement. D’un point de vue syndical, les principales organisations de ces pays sont membres de la Confédération Européenne des Syndicats, qui ont co-écrit les directives européennes anti-ouvrière avec la Commission Européenne. Il faut rompre avec la CES et défendre la perspective d’une grève générale européenne.
Sur le terrain politique, les principales organisations de « gauche » s’échinent à défendre l’UE. Plus un seul des candidats annoncés à la prochaine élection présidentielle ne défend la rupture avec l’UE, ni même une renégociation des traités. Les organisations d’« extrême-gauche » de ce pays, y compris celles qui se réclament du trotskysme, soutiennent également, plus ou moins ouvertement, l’UE, au nom d’un prétendu internationalisme.