Partout dans le monde, les travailleurs en première ligne

Grève chez Amazon aux États-Unis pendant l'épidémie de Covid-19

Par Mathieu

Paris, le 17 avril 2020

La pandémie mondiale de Covid 19 est venue exacerber les affrontements de classe qui étaient en cours sur la planète. En effet, la fin de l’année 2019 avait été marquée par de nombreuses situations révolutionnaires ou pré-révolutionnaires notamment au Chili, en Algérie, au Liban, à Hong Kong et en France pour ne citer que quelques exemples.

La pandémie mondiale a permis aux pouvoirs capitalistes en place de prendre des mesures pour empêcher de nouvelles explosions sociales et politiques.

Ces mêmes pouvoirs tentent désormais de mettre l’effondrement de l’économie sur le dos de la situation sanitaire. Et pourtant, depuis de longs mois un nouvel approfondissement de la crise du capitalisme était en gestation.

Il faut être clair, la gravité de la crise sanitaire à échelle mondiale est bien le résultat de la crise du capitalisme dans sa phase impérialiste. La destruction de la nature a créé les conditions pour l’apparition du coronavirus, et les politiques de saccage des services publics, et plus particulièrement des services de santé, menées depuis des dizaines d’années ont provoqué une catastrophe sanitaire.

Dans ce contexte, les gouvernements bourgeois prennent des mesures désespérées pour sauver le capitalisme, et suppriment toutes les libertés démocratiques. Le système capitaliste a montré sa plus complète incapacité à faire face à une crise sanitaire d’ampleur mondiale.

C’est grâce à la classe ouvrière que des vies ont été sauvées, que la population peut se nourrir, que les services essentiels sont assurés. C’est la classe ouvrière qui est en première ligne.

Pakistan, Quetta, la manifestation à l’appel de l’Association Jeune Docteur (YDA) contre le manque d’équipement de protection dans les hôpitaux a été durement réprimé. Près de 100 médecins ont passé la nuit en prison. Suivons leur exemple !

Sur le terrain de la lutte des classes, rien n’est réglé, bien au contraire. En effet, malgré les violentes attaques dirigées contre les travailleurs, la classe ouvrière résiste et rejette les politiques gouvernementales. Dans de nombreux pays, des grèves et des conflits sociaux sous différentes formes ont éclaté pour dénoncer la gestion de l’épidémie.

Aux États-Unis, où la situation de la lutte des classes est explosive depuis plusieurs mois, le pays est frappé de plein fouet par l’épidémie. La maladie touche tout particulièrement le prolétariat, dépourvu de couverture santé, dans un pays où les hôpitaux publics sont presque inexistants. En raison de la crise économique, près de 20 millions de travailleurs se sont inscrits au chômage depuis le début de l’épidémie.

C’est dans ce contexte que des dizaines de conflits sociaux ont éclaté à travers le pays : distribution, industrie, restauration rapide, administrations et services publics, transports en commun. La liste des secteurs touchés par ces mouvements de grève est longue. Les revendications sont souvent similaires : non aux activités non essentielles, aménagements des lieux de travail pour respecter les distances de sécurité, primes de risques etc.

Citons l’exemple de la grève qui a eu lieu chez Amazon. Le 30 mars, des salariés des plates-formes de distribution Amazon et Instacart se sont mis en grève, en plein confinement à New York et San Francisco, alors que les services de livraison sont particulièrement sollicités.

Les grévistes ont accusé les employeurs de ne pas suffisamment les protéger face au coronavirus. Certains grévistes ont été licenciés dans ces entreprises mais une nouvelle grève « en ligne » est appelée chez Amazon. Les personnels de santé sont également particulièrement mobilisés pour exiger davantage de moyens dans les établissements publics.

Italie

Au mois de mars, en Italie, à ce jour le pays le plus durement touché par l’épidémie en Europe, les travailleurs se sont mis en grève pour exiger l’arrêt des activités économiques non essentielles et ainsi limiter la propagation du virus. Les travailleurs de la métallurgie du nord du pays se sont particulièrement mobilisés.

On a assisté à un processus comparable en Espagne, notamment dans le secteur industriel. Sous la pression des travailleurs, les gouvernements d’Espagne et d’Italie ont été contraints de suspendre un bonne partie des activités non essentielles pour une durée limitée.

Bien entendu, la classe capitaliste est immédiatement repartie à l’offensive et une partie des entreprises a redémarré en Espagne le 14 avril.

En France, le développement de la pandémie du Covid 19, est arrivée alors que la situation sociale et politique était particulièrement tendue. Dans ce pays, le pouvoir politique intégralement au service des capitalistes est usé par le mouvement des Gilets jaunes et par la grève contre la contre-réforme des retraites. (voir Quelques réflexions sur le mouvement social contre la réforme des retraites )

Avant le début de l’épidémie, les agents hospitaliers étaient également mobilisés depuis près d’un an pour exiger des embauches, des augmentations de salaire, et s’opposer au fermetures de lits. Gilets jaunes, grévistes de décembre-janvier, hospitaliers, ceux-là mêmes qui ont été violemment réprimés par le gouvernement, se sont retrouvés en première ligne face à l’épidémie.

Malgré la situation sanitaire catastrophique, malgré la politique de collaboration de classe des directions syndicales, malgré la volonté d’imposer l’union nationale à tout prix, malgré les injonctions à aller travailler, les travailleurs résistent, par des grèves ou d’autres formes de mobilisation.

Les capitalistes et leurs représentants politiques haïs par les travailleurs et les jeunes

Les capitalistes et leurs représentants politiques sont haïs par la masse des travailleurs et des jeunes. Ce qui se renforce dans ce pays c’est un rejet profond des politiques pro-capitalistes, prêt à se transformer en explosion sociale d’ampleur à la moindre étincelle.

Les premiers à avoir exercer leur droit de retrait ont été les agents du musée du Louvre à Paris, avant même la mise en place du confinement au début du mois de mars. Cela avait ensuite touché en particulier des entreprises de transport. Puis après la mise en place du confinement et de l’état d’urgence sanitaire, d’autres secteurs ont été touchés par l’expression du droit de retrait ou par des grèves : chez Amazon, à la Poste, dans la grande distribution, dans l’industrie. Les revendications se situaient autour de l’exigence de l’arrêt de des activités non essentielles, ou du respect des normes de sécurités dans les lieux ouverts.

Le gouvernement en bon représentant des intérêts du Médef, s’est bien gardé de définir ce qu’était une activité essentielle. Les directions syndicales, quant à elles, continuent de jouer le jeu de la collaboration de classe. Mais la pression des travailleurs a permis l’arrêt de nombreuses industries (Amazon a dû arrêter son activité suite à une action de justice intentée par un syndicat) , de nombreux chantiers, la mise en place de système de protection dans un certains nombre de supermarchés.

Dans la santé, la rancœur contre le gouvernement grandit de jour en jour. L’octroi d’une prime de 500 à 1500 euros pour certains personnels des hôpitaux est perçu comme un insulte de la part de ces agents. Dans le domaine de la santé, plusieurs collectifs de médecins ont assigné des membres du gouvernement en justice en raison de leur mauvaise gestion de la crise.

Avec l’annonce de la réouverture des établissements scolaires le 11 mai prochain pour renvoyer tout le monde au travail et permettre aux capitalistes de continuer à s’enrichir, les enseignants sont sommés de regagner leur poste au risque de relancer la propagation du virus. Mais cette reprise est vivement contestée aussi bien par les enseignants que par les parents d’élève. (voir Destruction du bac : La continuité… politique)

La situation dans l’éducation est d’autant plus tendue que la charge de travail a considérablement augmenté pour les enseignants en télétravail. Le gouvernement veut maintenant exposer des dizaines de millions de jeunes et de travailleurs à la maladie pour garantir les profits des patrons.